10:27 AM
FROM : SOHAN
TO : FATHER
→ why would you plan a meeting without talking to me about it first ? i can't go, i have other plans.

10:32 AM
FROM : FATHER
TO : SOHAN
→ Cancel them, then. You don't get to choose. Please behave yourself and don't be an embarrassment, for once. I will call you tonight.

Une presque-envie de rire. T'as pas le choix, tu l'as jamais eu, alors autant enfiler ton plus beau costume, ton masque le plus brillant, et prier pour que tout se termine vite. Et tu relis les messages de ta fiancée la mâchoire serrée. Poupée impertinente, gamine autoritaire, t'as bien voulu lui dégueuler ta haine en quelques caractères, mais t'as préféré le silence - le meilleur des mépris, qu'ils disent. Et t'as traîné des pieds toute la matinée pour essayer de retarder l'échéance ; t'aimes pas hyperboler les choses, mais un moment seul avec elle, c'est comme quelques heures en enfer. "Je suis très heureux avec elle, je n'aurais pas pu rêver mieux." les médias boivent tes mensonges et idolâtrent votre idylle de porcelaine, et toi tu plisses le nez à chaque fois que tu la vois dans les publicités.
Et il est midi cinquante quand t'arrives à l'hôtel. T'as toujours été ponctuel, mais l'imaginer patienter en t'attendant te procures bien trop de satisfaction pour que tu fasses un effort. Tu signales au chauffeur de t'attendre, que ça ne prendra pas trop de temps, et t'entres dans ces lieux dorés, où seuls l'élite a le mérite de séjourner. Le restaurant est presque vide, et, assise sur sa chaise, tu la vois soupirer. Toi aussi tu soupires lorsque tu te diriges vers la table, petits pas décidés bien que tes pieds aimeraient partir à reculons. Tu ne signale ta présence qu'en t'asseyant, sans sourire, sans excuses, ni inclinaison respectueuse...les orbes noirs observant un court instant le visage de celle que tu épouseras. "Hello." c'est tout ce que tu dis, vilain impoli.

hey, mom.

mina, sweetie. i don't have time to talk but i just got off the phone with sohan's mother and she told me you two haven't met up yet to get to know each other! how do you want to get married if you don't even know the guy! sohan is very sweet, so please inform him that you have a reservation for two at park hotel's restaurant at 12.30pm.

mother, i have work to do! do you know how much it's complicated now that the new group has debuted ? cancel the reservation and i'll call him later.

no discussion, darling. you're going to eat with him at lunch and you'll report to me. i need to start planning your wedding with his mother. we're both so excited! anyway, call you later, bye.

le visage fermé, une moue énervée plaquée sur sa bouche, elle envoie rapidement quelques messages au numéro de sohan. elle ne l'a pas sauvegardé dans son téléphone, mais il est là, quelque part - après tout, ils doivent se marier, alors elle doit bien connaître son numéro. ça l'énerve, cette histoire de mariage - elle pensait être capable de choisir la personne avec qui elle passerait le reste de ses jours, mais il fallait croire que les hwang et les jeon étaient bien trop proches pour ne pas organiser quelque chose comme ça dans le dos de leurs enfants.

il est midi et demi tapante lorsqu'elle arrive dans le hall de l'hôtel après avoir parlé quelques instants aux paparazzis devant (sohan is amazing, we're getting along really well., mensonges répétés et exécutés à merveille, un sourire de façade bien travaillé sur ses lèvres). évidemment que sa mère avait appelés les reporters, la publicité du couple ayant rapporté énormément aux deux familles depuis la toute première annonce.

seule à la table, elle commande un verre de vin blanc en attendant, les jambes croisées, son talon s'enfonçant petit à petit dans son mollet pour tenter de contrôler sa colère. elle dégaine son téléphone, regarde l'heure - dix minutes de retard - avant de passer quelques coups de fil. elle ne peut pas partir, mais peut occuper son temps en attendant qu'il daigne se montrer.

et puis elle le voit au loin mais n'arrête pas son appel pour autant. tell them to push back our meeting. i'll be available on monday. yes. no - i'll be in hong kong on wednesday for a photoshoot and some interviews. then i won't work with them, simple as that. monday is it then, great. son regard reste collé sur sohan le temps de sa conversation tandis qu'il la salue d'un simple hello. aucune réaction de sa part, elle ne pense même pas à le saluer en retour lorsqu'elle raccroche. garçon! i'll have a caesar salad with the dressing on the side. le menu retourne dans les mains du serveur qui hoche la tête en regardant sohan, attendant de prendre sa commande.

qu'est-ce qu'elle est détestable la mina, qu'est-ce qu'elle t'énerve avec ses yeux de chat braqués sur toi. elle parle fort au téléphone, commande, insulte. son affreux besoin de respect résulte soit d'une éducation trop stricte, soit d'un manque de confiance en soi déplorable. et connaissant les hwang, les deux doivent aller de paire.
oui elle t'énerve, elle t'énerve tellement que la fixer plus de deux secondes te donne des hauts le coeur, et pourtant tu ne la quitte pas des yeux, jeu immature de supériorité. regard sévère mais détaché, elle ne répond pas à tes salutations (t'as essayé de faire un effort. plus jamais) et rien que pour ça, t'hésites à te lever et la laisser. puis tu te dis que père finirait par l'apprendre - et les paparazzis postés devant l'hôtel se douteraient de quelque chose. t'es coincé, mais ça, t'en a l'habitude.
elle commande et toi t'as même pas eu le temps de prendre le menu en mains - elle l'a fait exprès, t'en es sûr. t'as déjà mangé ici deux ou trois fois, alors tu réponds sans trop réfléchir. " salmon tartare and a bottle of your finest wine. thank you." tu regardes pas le serveur en lui rendant le menu.
tu pourrais faire un effort. sourire, au minimum. prétendre vouloir être là. après tout, des gens peuvent être en train de vous observer, des caméras pourraient se braquer sur vous à n'importe quel moment. une hypocrisie dans laquelle tu baignes depuis que t'es gosse ; sourire aux caméras, prétendre être heureux et satisfait d'une vie que t'as jamais voulu. mais plus les années passent, plus tu trouves difficile de prétendre. t'arrives à peine à esquisser un rictus devant les appareils.
tu t'affales presque sur ta chaise, bras croisés, scrutant l'enfant-femme devant toi. les yeux plissés, moqueurs, soupirs s'échappant de tes lèvres charnues. " your dress looks like my fucking bed sheets. did you even try ? " tu ne la regarde pas en disant ça, tournant ton regard sur le côté en secouant légèrement la tête avec dédain. puis lorsque tu reposes enfin les yeux sur elle, la même amertume dessine tes traits. " yah. you could've made an effort. what a waste of time." 

commander avant qu'il n'ait le temps de regarder le menu était sa vengeance pour son retard. princesse capricieuse débordée par le travail n'a que trop de temps à perdre à attendre les autres, et si autant de choses n'étaient pas en jeu, elle serait déjà partie depuis longtemps se remettre à ses tâches laissées en suspens pour ce rendez-vous. elle le regarde, bien que ses yeux brûlent et que sa poitrine se serre à force de relents de colère, pour prouver sa supériorité dans une pulsion ridiculement fière. avec son regard hautain elle se sent quelque peu immature, mais il a été le premier à lancer les hostilités, et elle n'a fait que riposter.

that's ridiculous. it's a gift from balmain, and it's far more pretty than your ... whatever you're wearing. you guys never know how to put an outfit together except when it comes to suits. elle se retient de rire amèrement, parce que la situation l'énerve bien plus que de raison. elle réajuste tranquillement ses cheveux en prenant soin de ne pas montrer sa colère - elle sait qu'ils sont regarder, et elle veut lui montrer que ses réflexions ne lui font ni chaud ni froid. elle lui envoie un sourire agrémenté d'un coeur formé par son pouce et son index, énième provocation. anyway... seems you have pretty good bedsheets, where did you buy them ? et elle lui lance un clin d'oeil dans un élan de malice, et surtout parce qu'elle sait que cela l'énervera un peu plus.

son téléphone, soigneusement posé sur sa droite se met à vibrer, affichant un numéro inconnu. elle décide de ne pas répondre, trop énervée par la situation actuelle. le serveur revient à ce moment précis muni de la bouteille de vin commandé par sohan, leur sert à chacun un fond de verre pour qu'ils puissent goûter et valider le choix. elle fait tourner délicatement le liquide rouge dans le verre avant de sentir l'odeur puis de le porter à ses lèvres. c'est légèrement amer et épais, et les arômes de fruits rouges arrivent en bouche après quelques secondes. perfect. dit-elle après avoir reposé son verre en attendant d'être véritablement servie, se redressant un peu plus sur sa chaise.

t'as presque envie de rire face à sa réponse. niveau bas, tu penses. réplique de collégien, voir même d'enfant en maternelle. "c'est celui qui dit qui l'est!"
tu voudrais lever les yeux au ciel, mais t'as pas non plus envie de lui montrer ton exaspération - juste ton mépris. et tu l'observes, des éclairs illuminant le noir dans tes yeux. elle recoiffe ses cheveux, poupée clichée avec laquelle on joue sans s'arrêter. elle est belle, mina, tu peux pas le nier. t'as beau la détester, il t'reste quand même un peu de lucidité. et peut-être que dans d'autres circonstances, elle aurait pu t'attirer, mais ses sourires te donnent envie de gerber. et tu serres la mâchoire, le dégoût farde ton faciès basané devant le coeur qu'elle t'adresse par pure provocation. t'aimerais l'arracher, son coeur. le piétiner sous tes chaussures cirées qui coûtent trois mois de salaire. " i don't know. where did you buy your dress? " lâché sans réfléchir. égalité niveau réplique d'élémentaire.
puis le serveur revient avec deux verres à vin dans une main, la bouteille dans l'autre. vous sert délicatement, les deux amants, et mina n'attend pas avant de porter les arômes jusqu'à ses lèvres bombées. tu touches pas à ton verre, faisant signe au serveur de partir. " thank you." marque de politesse dont la gamine manque visiblement, tu l'as bien remarqué - la princesse aime commander.
les minutes passent dans le silence, tu pianotes sur ton téléphone pour faire passer le temps - et oublier la personne en face de toi, boit quelques gorgées de ton vin pour réchauffer ton gosier et te donner un peu plus de force. seuls les quelques soupirs que tu lâches rompent le mutisme dans lequel vous êtes plongés, jusqu'à que le serveur reviennent avec vos plats. il les pose devant vous, s'incline et repart en indiquant de l'appeler si vous avez besoin de quelque chose. ce n'est qu'à ce moment là que tu lèves enfin la tête vers elle. " eat fast. i've got shit to do." à contre-coeur, ta fourchette se plonge dans le plat, attrapant des bouts de saumons que tu portes à ta bouche, mâchant discrètement mais rapidement dans l'espoir de partir plus tôt.

elle comprend pourquoi ses parents ont tenu à la fiancer à sohan, pourquoi ce mariage tient tant à leurs yeux calculateurs et méprisants. ils vont bien ensemble, physiquement parlant, tous les deux élégants et beaux. mais leurs personnalités se confrontent sans cesse, et retarder leurs rencontres devient de plus en plus compliqué. l'échéance de leur mariage se rapproche tandis qu'ils tentent chacun de retarder ce moment, d'arrêter le temps tant bien que mal pour délayer le moment où ils signeront le pacte qui unira véritablement leurs deux familles. l'empire jeon se joindra à celui des hwang, et ils régneront enfin sur le pays. probablement sur le monde aussi un jour, s'ils se débrouillent bien.

et ils tiennent probablement tous les deux de leurs familles respectives, ont le caractère des gosses de riche à qui l'on a toujours tout servi sur un plateau doré et à qui on force enfin à faire quelque chose. probablement qu'ils se ressemblent plus qu'ils n'aimeraient l'admettre, et rien que pour cette raison, mina méprise sohan, et elle ne répond à sa provocation immature qu'avec un grand sourire et un clin d'oeil.

mina, elle, elle prend ce qu'elle veut quand elle le veut, plonge dans le luxe et la luxure sans regarder les compteurs tourner. elle ne pense plus qu'au moment présent, ne pense plus qu'à elle et elle seule. si elle obéit à ses parents, si elle fait semblant d'accepter ce mariage, c'est bien parce qu'elle y trouve un intérêt - rester sur le devant de la scène. si elle venait à refuser, elle serait probablement réduite au silence, renvoyée dans une campagne, surveillée sans cesse et n'aurait plus aucun accès à ses comptes. parents cruels qui seraient prêts à se débarrasser de leur propre fille.

quand le serveur revient avec leurs plats, elle le salue légèrement de la tête - une fois suffit, pas besoin de les remercier à chaque fois qu'ils reviennent, le pourboire parlera à sa place. et quand il a l'audace de lui ordonner de manger rapidement, elle décide qu'elle prendra tout son temps. elle aussi, a du travail a faire, elle aussi aimerait être autre part et arrêter de perdre son temps avec lui. mais les choses sont ainsi faites, et tandis qu'elle décroise les jambes pour les recroiser dans l'autre sens, elle se saisit avec une lenteur impitoyable de sa fourchette. i didn't know you were doing something with your life. that's interesting, tell me more. faussement intéressée, princesse espiègle espère qu'il comprendra que sa question était ironique.

comment tu vas te sortir de cette situation, sohan? pas le repas. pas les têtes à têtes arrangés, ni les mensonges crachés aux médias.
comment tu vas te sortir de ça. mariage et vie de couple indésirables. coincé dans cette prison argentée dans laquelle t'es voué à pourrir, seul et malheureux. dans laquelle tu observeras les gens s'aimer et se découvrir, changer, grandir, pendant que toi tu devras toujours rester celui que t'es ; p i g e o n de père, marionnette, vieux jouet. et devoir te trimbaler cette gamine aux bras jusqu'à la fin de ta vie. et peut-être même que la gamine fera des gamins, parce que c'est l'ordre des choses. c'est comme ça que ça doit se passer. mariage princier dont l'héritier sera attendu comme un joyau. l'idée te fait sourire autant qu'elle te retourne l'estomac. ils peuvent attendre. longtemps. tu ne comptes jamais toucher la babydoll aux airs grossiers.
et parfois t'as envie de prendre un avion et te barrer loin. changer d'identité, tout recommencer ailleurs. peut-être en angleterre, ou en australie. tu prendrais dambi avec toi, et tu pourrais enfin goûter au bonheur pour la première fois dans ta misérable vie. et t'auras plu la tête remplie de doutes, le coeur rempli de haine, la bouche remplie des mots que tu n'oses pas dégueuler sur les chaussures de papa. et tout ira bien. et tu seras heureux.
mais t'es dans la réalité, et c'est mina en face de toi. mina et ses airs de peste bon marché, mina et ses provocations infantiles (t'es pas mieux), mina qui s'amuse à te rendre fou, à manger lentement pour t'énerver, alors que toi t'as presque terminé. t'arrives pas à cacher le dégoût que t'as pour cette vipère, et tes yeux se plissent, et ta langue se tourne sept fois dans ta bouche avant que tu ne décides de te servir un verre de vin (y'en a un peu trop). et comme ton assiette, tu déglutis ça bien trop vite, l'alcool fruité brûlant les parois de ton gosier. devant sa vulgaire comédie, ton visage reste marmoréen, mais t'arrives pas à la regarder trop longtemps. les bras croisés comme un enfant boudeur, tu tourne la tête à gauche en observant les autres rendez-vous. ils ont déjà l'air bien plus heureux que vous. " how old are you already ? 21 ? 22 ? how can you be so...childish ? damn. " et toi aussi tu provoques, tu piques, et t'as l'impertinence de la regarder dans les yeux en le faisant. " i think you might have guessed that i don't want to marry you. geez, i don't even want to have anything to do with you. " c'est la première fois que tu lui parles du mariage. le dire à voix haute te semble bizarre. trop réel. tu te redresses sur la table, posant tes coudes sur cette dernière pour te pencher vers la princesse. " but i-, we don't have a choice, so please, grow the fuck up already, and try to make this easier for both of us. "  

peut-être qu'ils pourraient être biens ensemble s'ils n'étaient pas aussi têtus et bornés l'un que l'autre. peut-être qu'ils pourraient rendre les choses moins désagréables, passer un arrangement, voir même commencer à s'apprécier un minimum. mais les dés ont été lancés dès le début, et ils ont décidé qu'ils se détesteraient jusqu'à ce que mort s'en suive probablement.

pourtant elle crèverait pour une belle romance, celle des comtes de fées qu'on lui lisait gamine. celle où le prince charmant emmène sa jolie princesse dans une contrée lointaine pour qu'ils vivent leur amour, celle où ils s'embrasseraient en gloussant, se glissant des mots doux dans l'oreille. elle a eu une chance à l'amour qui lui a été arrachée des mains, et elle crèverait pour une seconde chance. celle de rencontrer l'âme soeur. mais le dire lui arracherait la gorge, l'assumer et l'avouer serait perçu comme de la faiblesse, alors poupée de cire se tait et prétend que c'est ce qu'elle veut. ce mariage, ce pacte, le business.

elle mange lentement pour ne pas trop manger parce qu'elle doit surveiller sa ligne, et surtout pour l'énerver. la loi du talion les suit alors qu'ils ne se connaissent qu'à peine, les forçant à se rendre coup pour coup. elle ne répond cependant pas à cette provocation sur son âge et sa maturité, gardant son regard rivé sur ses feuilles de salade. for once we're agreeing, great. dit-elle en attrapant sa serviette pour se tapoter les lèvres avec. tell your parents that i have real work to tend to, groups and finances to manage. i cannot afford wasting my time meeting you for meals like this, and even if you do have a lot of time on your hands i don't think you really enjoy meeting me too. son regard perçant se fixe dans les orbes de son interlocuteur pour appuyer ses mots. anyway. lunch's on me, let's just ... elle soupire, ne sachant pas quoi proposer à son futur mari. i don't know, whatever. elle aurait bien commandé un dessert, n'importe quoi pour passer sa frustration, mais cela ne pardonnerait pas - dans deux jours elle serait photographiée sous tous les angles, et le peu de graisse qui ressortirait serait mal vu.

tu te demandes parfois pourquoi tu la détestes autant. tu sais pas si ce sont ses airs de sainte, son faciès glacé ou ses remarques déplacées qui t'font serrer les dents. ou bien la facilité. l'apprécier serait admettre la défaite. l'apprécier serait ne plus être victime. laisser père gagner. oui, l'apprécier serait comme t'avouer que pour une fois, père a fait quelque chose de bien pour toi. et tu seras plus le vilain petit canard de la famille, le gosse à plaindre, et plus personne n'aura pitié de toi. et pourtant t'en veux pas, de leur pitié, mais elle te rassure, elle te murmure que t'as raison, que t'exagères pas, que la vie est trop dure avec toi. boo-hoo, pauvre petit coeur, après tout, paraît que l'argent n'achète pas le bonheur.
ou peut-être que tu la blâmes parce que t'étais en train de toucher l'amour du bout des doigts, et elle est arrivée, l'a piétiné à coup de semelles rouges sans prévenir. et au fond de toi tu sais qu'elle est autant victime que toi, mais tu préfères l'accuser, c'est bien plus facile comme ça. tu préfères remettre la faute sur elle, sur père, sur la terre entière, alors que le seul fautif c'est toi. toi qui a peur d'ouvrir ta gueule et faire entendre ta voix...mais une fois de plus, t'as pas eu le choix. alors tu subis encore.
elle te pique de ses épines en te disant que ELLE, elle a de VRAIES choses à faire. ELLE, elle a pas le temps pour tout ça. toi, t'essayes juste de te rentre intéressant en laissant penser que ta journée est chargée, mais toute la paperasse à remplir, c'est ton assistant qui s'en chargera (pendant que toi t'iras peindre ou acheter de nouveaux vêtements). toujours le même air détestable quand tu la regardes, les yeux plissés dans le mépris...tout ça ne mène à rien. elle a à peine touché son assiette. tu ne lui as pas demandé de ne pas manger, seulement le faire rapidement. alors, en soupirant, tu t'enfonces sur ta chaise en observant les alentours. "alright, i will. they'll be pleased to hear their efforts are a waste of time for you." et pour toi aussi, c'est une perte de temps. mais en bonne petite victime, tu forcera un sourire en annonçant que le déjeuner s'est bien passé et tu les remerciera pour cet arrangement. tu replonges ton regard dans le sien, nouveau soupire s'évadant de tes lippes charnues. tu tentes de ne pas hésiter, mais tu cherches les bons mots pour ne pas avoir l'air de te soucier d'elle (c'est le cas, t'en as rien à foutre) tout en faisant passer le message que tu veux. "you've barely touched it, at least finish it. "    

elle pourrait probablement disparaître de la surface de la terre si elle le refusait, si elle décidait de se rebeller. alors elle se contient devant ses parents, tente de leur faire croire qu'elle l'apprécie alors que la pensée de sohan la dégoûte. elle peut visualiser ses mimiques et son visage figé par la haine, sa bouche d'où sortent des flots de paroles acerbes qu'elle aura probablement mérité. elle aurait aimé pouvoir finir sa vie avec quelqu'un qu'elle aimait, si cela ne tenait qu'à elle, elle rappellerait sungwoo et partirait loin pour retrouver son fils et son amour. mais le goût de la trahison est amer dans sa bouche, et elle repose sa fourchette, incapable de fourrer une nouvelle feuille de salade dans celle-ci.

i- that's not what i meant, ok. you know that, but you're just doing anything and everything to piss me off. seems like you enjoy conflict. son venin s'étend tandis qu'elle serre la mâchoire en parlant pour éviter de se mettre à crier. elle n'a pas besoin de cette attention supplémentaire, de cette pression de savoir que des inconnus la regardent tandis qu'elle dine avec son fiancé. les temps sont durs à l'agence, avec le dernier groupe qui vient de débuter et les auditions internationales qui vont débuter sous peu, alors elle pourrait se passer de cette perte de temps qu'est d'aller manger avec quelqu'un qui la déteste et qu'elle hait en retour.

un ricanement à peine audible s'échappe de ses lippes, soupir amusé ou véritable rire ironique déguisé, elle ne le sait pas, mais son regard se détourne tandis qu'elle essaye de forcer un sourire sur son faciès pour cacher son inconfort. i'm good, thanks. elle ne veut plus y toucher - ce n'est pas l'appétit qui lui manque, mais cette conversation l'a énervé et le stress de ne pas être parfaite pour son photoshoot à venir la ronge. la moindre imperfection la décrédibiliserait, elle ne le sait que trop bien. elle doit être surhumaine, pour faire tout ça, jongler entre ses deux métiers et son futur rôle d'épouse modèle, mais elle en est déjà épuisée. i wasn't even hungry. dit-elle tandis qu'elle presse de ses deux mains son ventre pour tenter d'étouffer le moindre son qui pourrait en venir. not like you care, anyway. i'm going to pay, you should go back to your shopping or your ... games on your smartphone, whatever. elle se lève d'une délicatesse mesurée pour paraître assez précipitée, le genre qui ferait comprendre à quiconque l'envie de se sortir d'une situation désagréable tout en restant distingué.

t'es pas un mec à conflits, non, tu détestes ça, tu le fuis comme tu peux, tu le laisses aux autres...mais avec mina, tu le cherches, t'en jouirais presque quand tu la vois forcer un sourire pour masquer son exaspération. t'aimes piquer dans les petits endroits inconfortables, t'aimes lui montrer que tu l'aimes pas, tu la détestes, elle a volé ta vie. et tu sais que c'est pas de sa faute, tu le sais, mais il faut bien la rejeter sur quelqu'un - et toi tu la rejettes sur le monde entier, tout le monde sauf toi. léger sourire satisfait quand elle te dit que tu sembles tout faire pour l'énerver. perspicace. mais elle aussi.
elle aussi elle aime t'énerver, elle aime insinuer qu'elle, elle travaille. elle, elle fait quelque chose de sa vie, et que ses trucs importants le sont vraiment, pas comme toi. et tu sais qu'elle a raison. et ça t'énerves, sohan, parce que tu sais que t'es un bon à rien, tu sais que tu vas jamais réussir à garder l'entreprise sur pieds, tu sais qu'elle est vouée à sa perte, comme toi. elle a raison. pendant les réunions importantes, toi t'es sur ton téléphone, tu joues à piano tiles ou tu swipe sur ton faux compte tinder pendant que ça discute de nouvelles inventions révolutionnaires. pathétique. la princesse en a marre, elle se lève, prête à s'enfuir de cette situation qui devient trop lourde pour vous deux.
et au moment même où son corps de poupée se redresse, t'entends l'agitation dehors. les appareils photos prêts à capturer le futur de la corée. tu te retournes légèrement, discrètement pour les observer derrière la vitrine du restaurant. puis tu soupires, baissant la tête en murmurant "fuck my life" et puis merde. tu te lèves à ton tour, fouillant dans ta poche pour sortir quelques billets - le montant est probablement largement supérieur au prix de votre déjeuner, parce que tu ne comptais jamais la laisser payer. ton égo prendrait un bien trop gros coup, et puis t'as pas été élevé comme ça. " i guess we'll have to play happy couple for a few minutes. they'll find it weird if we go our separate ways"
t'aimes pas ça, mentir, t'aimes pas ça, prétendre, et pourtant c'est c'que tu fais à longueur de journée. et tu te prépares mentalement à sourire, prétendre être heureux et...amoureux. t'as la nausée rien qu'en y pensant. tu t'inclines face au serveur un peu plus loin, puis t'offres ton bras à la future madame à contre coeur, prêt à terminer ce calvaire au plus vite.

elle a toujours été la bonne fifille à ses parents, toujours à obéir, toujours sage. le seul écart qu'elle s'était jamais accordé, la seule bêtise qu'elle n'avait osé faire avait été de tomber amoureuse de lui. l'idole la plus en vue du moment, celui que sa mère adorait faire passer partout, de plateaux télévisés en shooting en séries. la nouvelle coqueluche de la corée du sud - et elle s'était éprise de lui. elle avait commis l'hybris en posant son regard sur lui, en lui lançant ces sourires en coin qu'elle ne maîtrisait alors pas. le regard plein d'une malice enfantine, à mi-chemin entre la femme et la gamine. péché fatal puisqu'elle avait été contrainte à l'exil, aux larmes et au confinement. cachée, effacée, les médias avaient demandé où elle était - et puis, un an plus tard, elle réapparaissait tandis qu'elle prétendait être partie quelques temps pour ses études. bon chienchien des géniteurs.

pendant cette année, passée loin de la capitale coréenne et des feux des projecteurs, elle avait rencontré certaines personnes, avait fait la fête pour oublier la perte de son enfant, avait bu pour oublier la douleur. et elle s'était métamorphosée, du jour au lendemain, elle était devenu le portrait craché de ceux qui lui avait donné la vie. méchante, cruelle, mauvaise, égoïste. du moins, aux yeux des autres. parce qu'elle était toujours bonne au fond d'elle, mina, faisait la gueule même si elle avait envie de sourire. alors ce mec - ce futur mari, ça l'énervait. elle avait tout fait pour rester tranquille, pour que ses parents arrêtent de contrôler sa vie amoureuse en leur laissant contrôler tout le reste, la carrière, les amis, tout. et il était probablement tout ce qu'elle détestait. trop comme elle. une victime de ses parents, mais lui était bien insensible comparé à elle qui tentait uniquement de garder la face.

et avant qu'elle n'ait pu payer, il balance quelques billets sur la table et ça l'énerve la poupée de cire. elle avait dit qu'elle payait, parce que cela lui aurait donné cette semblance de supériorité qu'elle tentait si désespérément d'avoir sur sohan. mais elle voit les paparazzis qui se pressent un peu plus quelques pas plus loin, à l'entrée du restaurant, braquant directement leurs caméras sur elle alors qu'elle marche pour sortir. rejointe rapidement par son fiancé, elle attrape son bras tandis qu'elle se retient de grimacer à sa remarque. princesse revêt son plus beau sourire tandis qu'elle se met à glousser, regardant cet homme qu'elle ne connait qu'à peine avec des yeux faussement amourachés. son autre main se pose sur son torse quelques secondes alors qu'elle prétend rire don't say anything while we're around them lui balance-t-elle doucement entre ses dents serrées.

how does it feel to be the biggest couple in korea right now? when is the wedding? what do you think about your ship name, mihan? elle s'arrête naturellement, enfant de la télévision, elle n'est que trop habituée à tout cette agitation, et tandis qu'elle remet une mèche de cheveux derrière son oreille, elle répond à leur question une à une. we're so happy to be together, sohan is a wonderful person and i can't wait to spend the rest of my life with him. we're thankful to have met each other - i've heard only one person in 10,000 meets their soulmate, maybe we were the lucky ones this time. elle sourit à tout le monde, celle qui ne rêve que d'exploser ces flashs qui l'aveuglent et de piétiner ces journalistes à coup de talons aiguilles. elle aura sa revanche, tôt ou tard.