Let me go ft Elliot

Let me goTeerawat & ElliotLa pièce est plongée dans la pénombre, ne laissant filtrer que quelques rayons de lumières à travers des rideaux à moitié rapiécé. Il est encore tôt, les rues sont encores à moitiés dans l’ombre, seulement éclairés par les premiers rayons du soleil. Le silence règne dans le minuscule appartement ne comptant que trois petites pièces, l’une servant de cuisine/salle à manger, l’autre de sanitaires et enfin, la chambre partagée par Teerawat et sa mère. La matinée débute à peine que le jeune étudiant est déjà debout à s’occuper des tâches ménagères. Le peu de vaisselle qu’il n’a pas eu le temps de faire la veille à cause de ses activités nocturnes est lavé et rangé après qu’il ait englouti son petit-déjeuner, assez copieux pour le caler jusqu’au repas du midi. C’est à ça qu’est reservé l’argent qui ne part pas dans le loyer ou les autres besoins rudimentaires tel que l’électricité ou l’eau. Allant et venant dans l’appartement le plus silencieusement possible pour éviter de réveiller sa mère, Tee cherche à tâtons dans l’armoire quelques affaires à mettre avant d’aller s’habiller dans la salle de bain. Bien que ses cours ne commencent que tard dans la matinée, il a bien des choses à faire avant de s’y rendre, se lever aussi tôt n’est donc pas étonnant de sa part.

Une fois habillé, Tee se faufile à pas de loup dans la chambre pour s’occuper du traitement de sa mère. L’hospitaliser aurait sans doute été la meilleure solution, mais l’hospitalisation plus les soins faisaient plus de frais qu’il ne pouvait se le permettre à l’époque, alors qu’il n’était encore qu’un pauvre gamin dont les épaules avaient hérité d’un poids bien trop lourd pour son âge. Depuis quelques temps, le médecin ne cesse d’aborder le sujet mais Tee clôt toujours le sujet à peine ouvert. Il préfère garder sa mère auprès de lui, elle est la personne la plus importante à ses yeux et la savoir auprès de lui le rassure plus que de la savoir à l’hôpital, bien que les médecins tout comme le corps soignant savent leur métier. De toute façon, pour l’instant, malgré son job d’host et ses activités nocturnes loin d’être légale, Tee est loin de pouvoir se considérer assez aisé au point de s’adonner à quelques plaisirs de temps en temps, le coût de ses études ainsi que le loyer ajoutés aux frais médicamenteux de sa mère, ça chiffre déjà bien vite. Alors pour l’instant, il ne peut de toute façon pas se permettre de faire hospitaliser sa mère.

Une fois toutes ses tâches du matin effectuées, Tee attrape sa veste, sa sacoche et sort de l’appartement sans oublier de fermer derrière lui. Même si laisser sa mère seule toute la journée et pratiquement toute la nuit ne lui plaît guère, il n’a pas d’autre choix et sa mère, bien qu’alitée, peut le joindre à tout moment. Chaque jour, avant de partir, il s’assure que le téléphone est bien accessible pour sa mère au cas où elle aurait besoin de l’appeler. Et Tee s’assure régulièrement de son état en l’appelant et rentre toujours le midi pour s’occuper d’elle et lui préparer son repas. Et puis, pour aujourd’hui, il n’en a pas pour longtemps, une petite course avant de venir donner son petit déjeuner à sa mère avant de finalement se rendre en cours. Alors, même s’il garde toujours une petite inquiétude au fond de lui, il la laisse seule chaque jour pour se rendre en cours. Mais aujourd’hui, avant de se rendre à la faculté, il doit d’abord se rendre à l’hôpital pour rencontrer le médecin et renouveler le traitement de sa mère. Alors une fois sortit du bâtiment, Tee prend aussitôt la direction de l’arrêt de bus pour ensuite se rendre à l’hôpital, un lieu qu’il ne connaît que trop bien maintenant, du moins, pour la partie qu’il visite chaque mois. Une fois arrivé, Tee se présente au secrétariat avant d’attendre qu’on l’invite à entrer dans le bureau du médecin. Et comme chaque mois, les mêmes sujets sont abordés et comme chaque mois, Tee donne les mêmes réponses. Le médecin connaît la situation de Tee, seulement il ignore à quel point il est loin d’être riche, bien au contraire. Sans ses activités nocturnes, il n’aurait sans doute pas réussi à survivre jusque là et ça, il le doit à une seule personne, celui qui lui a appris les ficelles du “métier” et qui l’a prit sous son aile. Mais il le doit aussi à son groupe, son soutien.

Après presque une demie heure à parler avec le médecin, ce dernier le libère, non sans un soupir et le laisse aller chercher le traitement pour sa mère. Tee connaît le chemin, depuis cinq ans presque maintenant qu’il fait le même chaque mois… Une fois les sacs en main, Tee prend enfin la direction de la sortie de l’hôpital pour rentrer. Sa mère va bientôt se réveiller, il doit être là pour lui préparer son petit-déjeuner et s’occuper d’elle, alors il presse le pas pour être sûr de ne pas manquer le bus, jusqu’à ce qu’une voix, un peu trop familière à son goût, l’interpelle et le stop dans sa hâte. Tee n’a pas besoin de voir la personne pour savoir de qui il s’agit. Rien qu’un simple professeur qu’il a eu durant un temps et qui depuis, ne cesse d’aller vers lui à se montrer un peu trop curieux au goût de Tee. Alors il a comprit, parce qu’il est loin d’être stupide le gamin, il lui fait croire qu’il a sa confiance, alors que c’est loin d’être le cas. Parce que les seuls en qui il a pleinement confiance, ce sont sa mère et son groupe, personne d’autres. Mais Tee le laisse croire qu’il a gagné sa confiance, sans pour autant se retenir de l’envoyer balader s’il se montre un peu trop envahissant. Tee tourne la tête pour voir son ancien professeur arriver à sa hauteur avec un sourire. Comme si le moment n’était pas mal choisit…

-Bonjour, se contente-t-il de dire.

Il est plus agacé qu’autre chose qu’il l’ait croisé pile à ce moment là, comme si les minutes ne défilaient pas déjà un peu trop vite à son goût. Pour Tee, il est hors de question qu’il parte en cours sans que sa mère n’ait eu son petit déjeuner, quitte à arriver en retard ou sécher un cours...

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