Confort empoisonné, ses racines profondément ancrées sous la peau pour te clouer en place, pour t’empêcher de lever les barrières qui permettent normalement à ton cœur de se remettre de ses cicatrices loin du feu sur lequel tu prends plaisir à te brûler les doigts. Il y a des refus silencieux, une incapacité à tout quitter, à tout laisser à hier ce qui appartient au passé. Lui, tu ne peux pas te résoudre à le laisser s’estomper dans la poussière où il devrait reposer pour n’être bercé que par les beaux souvenirs. Ce serait trop facile, option saine sans cesse repoussée à demain. Pas aujourd’hui, que tu te répètes dès que tu lui rends visite. Tu n’es pas prêt à lui dire adieu, à tourner la page, mais tu ne te sens pas seul dans cette misère alors que ton regard scrute le sien, noyé dans la mer douce. En ce moment, pour rien au monde tu ne voudrais abandonner ton trône sur ses cuisses, avant-bras en appui contre ses épaules pour mieux passer répétitivement les doigts dans les cheveux à l’arrière de sa tête d’un geste cruellement percé d’affection. Ton cœur pourtant ailleurs semble incapable d’accepter la vérité, de se résoudre aux mots qui ont déjà été clairs même si ton imagination pousse à les perdre, à les amoindrir dans un coin de la mémoire. Peut-être que si tu fais comme s'ils n'avaient jamais été prononcés, ils cesseront d’avoir de l’importance. L’espoir fait vivre, qu’ils disent. Âme innocente qui déforme les proverbes pour en faire ce que tu désires, pour donner les tournures que tu veux bien entendre. Trop habitué à ton monde doré où tout te revient, demandes adressées pour mieux recevoir. Sauf que l’amour ne fonctionne pas ainsi, sentiment qui ne s’achète pas avec de l’argent ou des biens matériels.

Un soupire traverse tes lèvres, combat intérieur avec cette envie de rester et le fait de savoir qu’il vaudrait mieux franchir le seuil de la porte – ce qui serait, dans le meilleur des cas, la dernière fois. « I hate you. » Et c’est dit avec un manque de sérieux flagrant, les mots lourdement teintés du sous-entendu des raisons qui te poussent à dire une telle chose derrière laquelle se glisse tout le contraire. Tu voudrais que ce soit si simple, ne pas avoir à composer avec des problèmes pour lesquels tu n’as pas signé, mais c’est plus fort que la logique. « Want me to order something ? Kinda getting hungry. » Tu t’invites, cherches des prétextes pour coller chez lui plus longtemps même si ta simple chambre est mieux que son appartement en entier. 

c'est doux, c'est chaleureux et c'est toxique. confort sur-mesure fabriqué pour le coeur emmêlé de hanbyul, qu'il étreint toujours avec la même passion déplacée. yihan tout près de lui, précieux et rayonnant, garçon qu'il n'a jamais mérité une seule seconde. l'égoïsme se répand dans son corps sans ne rencontrer de véritable résistance. il s'abreuve de la couleur de ses yeux, du bout de ses doigts frôlant sa nuque. il voudrait se souvenir de chaque détails, aussi infimes soient-ils, changeant à chaque fois que yihan revient. il veut se souvenir pour le moment ou ça s'arrêtera. il s'accroche, han, parce qu'il a besoin de cette chaleur, des couleurs qui en émanent.
mais yihan ne devrait même pas être ici.

un souffle d'amusement s'échappe de son nez. « liar. » ils le savent; l'un contre l'autre, les regards entrelacés. tout est si évident que mettre des mots dessus serait absurde. alors, il vaux mieux ne rien dire, se prélasser dans le schéma décousue dans lequel ils s'enlacent encore et encore.
« you don't have to do that, y'know. » c'est toujours pareil. les coins de ses lèvres qui se dressent dans le même sourire, la même gêne amère qui s'installe au fond de son ventre. il ne peut rien lui offrir d'autre. « i mean, i won't hide that i crave pizza, but you could also go back to your place and eat something you don't have to use your money on because of me. » et ses mains trouvèrent naturellement leur place sur sa taille; une prison cruelle, qui vient contredire ses paroles avec une évidence ridicule. les bouts de ses doigts lui murmurent de rester, taquinant le bas de son dos. il aimerait être un peu moins pathétique, lui offrir ce qu'il y a de plus pétillant. non, c'est toujours pareil. ses serres qui fissurent la proie, la draine un peu plus. hanbyul sait très bien que, quand yihan arrêtera de venir embrasser ses joues, il l'aura amplement mérité. 

Pour rien au monde tu ne voudrais quitter le cocon construit à partir de la romantisation de cette entière situation. Un jour, ça te reviendra au visage, mais pour l’instant il n’y a que cette envie cruelle de proximité qui compte, de partager toujours un peu plus de temps ensemble. Tu grattes, testes ta chance à coup de propositions à gauche et à droite. Tous les moyens sont bons pour gagner. Il te traite de menteur et il a bien raison, sourire étirant les lèvres en guise de retour parce que tu ne vas pas nier sur cette nuance. Il y a longtemps que tu t’es avoué incapable de le détester, d’exprimer la moindre rancune par rapport aux espoirs qu’il te faisait cultiver – et c’est encore le cas, malheureusement. Conte de fée impossible, aveux couchés sur table depuis des mois, mais tu enfiles à merveille ton rôle de papillon désespérément accroché à sa source lumineuse. « I know. » Sa situation financière n’est pas ta responsabilité, ses choix en matière d’alimentation non plus. Hanbyul a raison, tu le sais. Ton argent devrait servir à autre chose que commander à manger pour quelqu’un qui ne peut te retourner ce que tu sollicites. « But you’re warm and it’s cold outside. » Température extérieure n’aidant pas à accepter cette possibilité, elle est rapidement jetée sous le tapis. « Pizza it is, then ? » Sourde oreille, ignorance volontaire du reste de ses propos pour te concentrer sur ce que tu veux bien entendre. « There’s this place I like that you can even order online. Where’s my phone ? » Refus stratégique de quitter ton perchoir, tu ne fais que redresser légèrement l’échine pour chercher visuellement les alentours du regard puisque cet objet ne peut être physiquement bien loin. La main s’en saisit aisément à proximité sur le canapé, joie silencieuse de ne pas avoir à quitter la chaleur de ses doigts, commande envoyée en moins de deux minutes pour mieux te débrasser une seconde fois de ton portable. « There we go. You know what I’m also starving for ? »

une part d'hanbyul voudrait rester comme ça tout le temps. l'autre à déjà fait son choix depuis un moment. c'est lui qui s'est écarté et pourtant, c'est aussi lui qui renforce un peu plus l'étreinte. il sait que yihan mérite un amour plus stable et pur, et si il en avait les capacités, il se serait déjà éloigné. mais il n'a jamais vraiment su dire non aux éclats de ses yeux. et sa peau le réclame toujours de la même manière. alors, bien sûr que ses bras lui offriront toute la chaleur dont il a besoin, égoïsme et culpabilité réunis dans un élan d'affection tordu. encore une fois, il se demande quand yihan en aura finalement marre. quand est-ce qu'il affirmera que, ça y est il n'a plus envie qu'on se joue de son coeur. « you're way too kind. » murmuré pendant que le garçon passe commande, vérité qu'il ne cesse de souligner. il aurait toujours la ferme idée que son frigo est vide par sa faute, et que même si l'aide de yihan lui réchauffe la poitrine, elle n'a pas lui d'être. il devrait se débrouiller seul, et tend parfois à penser qu'il mérite sa situation actuelle. il s'apprête à grogner encore une fois, marmonner une énième excuse qui ne l'amènera nulle part, mais il finit par s'égarer dans le visage de yihan. c'est toujours trop facile d'en être éperdument épris. « no, » son emprise sur sa taille se renferme un peu plus, infimes caresses et flammes dansantes aux creux de ses yeux. « but you're gonna tell me. »

Manie envahissante, sangsue profiteuse qui cherche la chaleur étouffante d’une relation impossible à atteindre. Opportuniste qui se faufile à la moindre petite ouverture, accessibilité prise férocement pour ne pas laisser la chance s’envoler, impossible de penser que quelqu’un d’autre puisse prendre ta place dans son horaire. Et tu ne veux pas y penser à ça, à cette réalité qu’il ne te doit rien, libre de son temps lorsque tu vagabondes en dehors de son appartement avec son parfum collé au fond de la mémoire qui berce les rêves pendant un temps avant de nécessiter un retour aux sources. « I’m only kind to those who I like. » Mensonge, bonté naturelle qui offre la main tendue à quiconque, forcé de la prendre que ce soit de plein gré ou non. Tu t’immisces, prends tes aises dans la vie des autres sans vraiment demander leur envie et, de toute façon, peu arrivent vraiment à te porter sur une liste noire. Trop bon, générosité illimitée qui veut faire profiter tous et chacun, amoureux des expressions ravies. Si souvent blessé, pourtant toujours relevé en retirant la poussière qui a pu chercher à se tailler une place pour ensuite mieux recommencer. Inachevable, témérité sans limite déversant son amour nié sur Hanbyul d’un ton presque ronronnant. Insinuations qui tracent un chemin, font naître une vague idée dans l’emprise de l’amant éphémère qui ressert son étreinte et tes doigts reprennent leur jeu relaxant dans sa chevelure à l’arrière de sa tête qui dessine la proximité tant appréciée. La vie est belle ainsi, immunisé aux désagréments qui planent contre tout ce que tu as si ardemment souhaité il y a quelques mois. « Your affection. » Probablement pas la réponse escomptée, attentes qui auraient pu être évidentes de venir chercher satisfaction physique et non émotionnelle, mais il t’arrive de surprendre. Cœur malheureux derrière le blanc des sourires rayonnants. « But I can settle for the illusion of it. »