Il s’accorde un soupir, enfin loin de la maison. On ne lui accorde pas souvent la permission de sortir en semaine, du moins pas sans une quelconque surveillance. C’est un privilège qui ne lui revient qu’en de rares occasions, le plus communément quand il est question de la belle Ji. Son chef ne ressent pas la moindre animosité en la présence de la jeune femme et s’il était méfiant quant à leurs amitiés les premiers mois, il ne s’en souciait plus depuis, laissant à Sen le bonheur d’avoir une seule personne en dehors du gang avec laquelle sortir et s’amuser tranquillement. Sen comprend son comportement – il suffirait qu’il fasse confiance à la mauvaise personne, confesse des secrets que l’autre n’est pas supposé connaitre pour que tout leur réseau coule, mais ça n’en restait pas moins oppressant de sans cesse voir les mêmes visages, dont les regards n’étaient pas empreint de la moindre tendresse. Miya était différente, le visage radieux dès que leurs yeux se croisaient. Et il hâte le pas en percevant déjà sa voiture à quelques mètres de lui, il ne tarde pas à combler la distance et toquer enfantinement contre la vitre pour annoncer sa présence avant d’ouvrir la portière et s’installer à ses côtés. Son permis lui a été enlevé il y’a des semaines de ça, et le chef l’a informé que ça lui prendrait quelques autres semaines pour lui en faire un nouveau, c’était le troisième confisqué en moins d’un an. « Cappuccino ? » propose-t-il en salutations, tendant le grand gobelet vers la brune. « Je te promets, ça va bien te réveiller. » ajouta-t-il, sans l’informer du fond de whisky qu’il avait ajouté à leurs boissons ; elle s’en rendra bien compte après les premières gorgées. Sen s’installe plus confortablement, se laissant mollement tomber contre le siège avant d’allumer la radio, le volume au minimum pour que la musique ne soit rien de plus qu’un fond sonore. « C’est son anniversaire demain. » Il grimace légèrement, il n’a pas besoin de mettre de nom, Miya sait déjà tout. Ils sont assez semblables de ce côté-là, la relation dans chacun a été plus ou moins obligé de s’attacher. « Faut pas que j’oublie de lui acheter un cadeau, sinon il va s’énerver. » Et ce n’est jamais un bon moment.